Les mannequins du défilé de mode des créateurs à Floirac
Les Clémence, Clémentine et Manon jettent un œil sur le podium et le public qui les attend. PHOTO Y. D.
On a l'impression que la salle a mis ses habits du dimanche.
Enfin du samedi soir. La faute aux vitres teintées et éclairages
extérieurs de la salle Lucie-Aubrac. La grande et teigneuse résistante
aux obscurantismes de tous poils aimait-elle les défilés de mode ? Et
pourquoi pas ?
Car en ce samedi 18 h 45, l'heure est aux
bijoux, accessoires, chapeaux, costumes, robes et fanfreluches diverses
: le deuxième printemps des créateurs bat son plein, et l'un de ses
temps forts se profile sur le podium prolongeant la scène.
« Je vais voir si les modèles sont visibles », prévient Nathalie
Nadal Linares, organisatrice de l'événement. « Y a-t-il des demoiselles
en petite tenue ? Parce que j'ai un journaliste, là… » Alors que notre
métier à hauts risques exige souvent des méthodes d'investigation
discrètes, pas moyen là de la jouer finaud…
« Un peu le trac »
Il
est 19 heures et les vestiaires sont une ruche où bourdonnent des
abeilles enfants et adultes, maquillées non pas comme des voitures
volées mais comme des mannequins s'apprêtant à défiler. « Pas de grosse
différence », persifle une maman facétieuse.
Delphine Séjourné
bichonne Clovis et Esteban : la créatrice de vêtements pour enfants
(Bleu ardoise) est l'une des 16 exposantes du salon.
« C'est
une belle occasion de montrer son travail », dit-elle, un poil anxieuse
devant ses deux petits Gavroches. « Ils ont été super à la répétition
», souffle-t-elle. « J'ai un peu le trac mais je pense que ça va aller
», déclare Clovis, 6 ans maxi et futur Olivier Martinez. Dans le
couloir, Manon, Chloé, Clémence et Clémentine sont excitées comme des
puces : les fillettes portent aussi les vêtements de Delphine et
ouvriront, dans quelques minutes, le défilé.
Sur ses jolis
talons, Sophie Cordin jette un œil aux préparatifs. Comédienne au
théâtre de la Lucarne à Saint-Michel, nantie d'une petite expérience à
Paris, la jeune femme est venue donner un coup de main à Nathalie qui
est sa belle-sœur. « Tout le monde est bénévole sur le salon »,
précise-t-elle. « C'est mon premier défilé, mais je n'ai pas trop peur
: je me dis que je joue au mannequin ! »
Au fond du vestiaire,
sur le coup de 19 h 15, des vêtements (et les filles qui les portent,
un peu oui roooh !!!) attirent l'œil. Carole Baudry ajuste des guêtres
qu'on dirait conçues pour une écuyère mongole chevauchant les steppes
orientales. On n'était pas loin : la créatrice Caroline Nguyên a des
origines vietnamiennes dont elle aime parsemer ses tissus.
«
Elle aime donner vie à ses vêtements », résume Marguerite Chaigne,
habillée elle aussi en Capsule. Corp, la marque de Caroline qui décline
prêt-à-porter et costumes de scène. « Ses défilés ont une dimension
artistique. »
Travaillant dans l'ergonomie de site web mais
aussi danseuse amateur, Carole est mannequin de Caroline depuis cinq
ans, et a récemment incité Marguerite à se joindre à la troupe. Pour
Léa, qui débarque dans le vestiaire en sarouel de satin noir, cette
intermittente du spectacle (danse hip-hop, cracheuse de feu) a défilé
pour la première fois il y a quinze jours.
Dans la cour et sous
les néons partant du sol, une séance photo est organisée. Elsa Liebgott
n'a pas de boutique, elle crée chez elle mais compte bien sur ce type
de manifestation pour faire connaître ses collections.
Les enfants ouvrent le bal
19
h 30. Le défilé aura du retard. Dans la salle, le public s'installe
autour du podium, après s'être baladé dans les quelques allées du
salon. Derrière le rideau, on commence à avoir un peu les chocottes.
«
Vous marchez doucement, comme si vous vous baladiez, tranquilles »,
conseille le speaker aux enfants qui ouvrent le bal. Il en a de bonnes,
lui : il y a du monde quand même, des projecteurs, de la musique…
Les
petits sont lancés en piste. Et attendrissent les parents, proches et
spectateurs lambda. Ça marche toujours pour ça, les enfants. Reste que
les vêtements ont une sacrée allure. « Ce petit gilet, je le verrais
bien pour Matthias », chuchote Géraldine à sa copine. « On est de
Floirac et on est venues en voisines amatrices de fringues »,
sourit-elle.
Quelques rangs derrière, Lacuey mère et fille,
maire et adjointe, regardent le ballet des modèles. Il est 20 heures,
et elles vont devoir s'éclipser pour aller voir le solo d'Hamid Ben
Mahi à la M270. « Géographie du danger » là-bas, histoire de plaisir
ici. Floirac, un samedi soir sur la terre.
AMBIANCE
Top
chrono ou presque. Une heure passée avec un ou des personnages de la
rive droite, connu ou pas, mais toujours à nos yeux intéressant :
chaque mardi, soixante minutes sur le vif… en prenant le temps.